Géopolitique des technologies : l’Europe face au duopole États-Unis – Chine, quelle place pour l’innovation souveraine ?

Le 17 septembre prochain, à l’occasion du SIDO Lyon, Olivier Cazzulo, CEO de Netsystem et Vice-Président de Numeum, interviendra lors de la conférence : « Géopolitique de la technologie : l’Europe peut-elle rétablir l’équilibre des pouvoirs ? ».
Un débat essentiel, à l’heure où la scène mondiale de l’innovation est dominée par deux superpuissances : les États-Unis et la Chine.

Le choc des puissances technologiques

Intelligence artificielle, cybersécurité, robotique, espace, connectivité, gestion des données… Dans tous ces domaines stratégiques, les États-Unis et la Chine mènent une course effrénée.
Leur domination ne repose pas uniquement sur la recherche et l’innovation, mais aussi sur leur capacité à mobiliser ressources matérielles, humaines et financières à une vitesse inégalée.

  • Les États-Unis s’appuient sur leurs géants du numérique (GAFAM) et un écosystème dynamique où capital-risque, universités et start-up forment un moteur puissant.
  • La Chine, de son côté, développe une stratégie centralisée, soutenue par l’État, qui mise sur les BATX, la maîtrise des chaînes d’approvisionnement et une vision long terme de la souveraineté technologique.

Résultat : l’Europe se retrouve souvent consommatrice de technologies étrangères, dépendante des infrastructures, logiciels et composants venus d’ailleurs.

Un duopole qui verrouille les ressources

La compétition sino-américaine se traduit par une véritable guerre économique autour :

  • des matières premières stratégiques (terres rares, semi-conducteurs, batteries),
  • des talents, avec une fuite de cerveaux vers les écosystèmes les plus attractifs,
  • des capitaux, massivement investis pour accélérer la recherche et le déploiement.

Dans ce contexte, l’Europe peine à rivaliser en termes de puissance d’investissement et de rapidité d’exécution. Cette dépendance structurelle fragilise sa capacité à définir sa propre stratégie technologique.

L’Europe : simple régulateur ou acteur à part entière ?

Si elle ne peut rivaliser aujourd’hui sur la vitesse d’innovation, l’Europe s’impose en revanche comme pionnière en matière de régulation. Ces dernières années, elle a initié plusieurs cadres législatifs structurants :

  • RGPD (protection des données personnelles),
  • NIS2 et DORA (cybersécurité et résilience numérique),
  • IA Act (encadrement du développement et de l’usage de l’intelligence artificielle).

Cette approche vise à créer un environnement plus éthique, durable et équitable, où l’innovation ne se fait pas au détriment des droits fondamentaux, de la sécurité ou de la confiance des citoyens.

Mais la question reste entière : cette posture de régulateur suffit-elle à exister dans la compétition mondiale, ou l’Europe doit-elle aussi devenir un acteur industriel et technologique majeur ?

Le défi de l’autonomie numérique

L’Europe ne manque pas d’atouts. Elle dispose de centres de recherche de pointe, de start-up innovantes, de talents reconnus dans des domaines comme la cybersécurité, l’optronique, le spatial ou la défense.
Cependant, ces forces restent trop souvent fragmentées et manquent d’une vision stratégique commune.

Pour construire une véritable autonomie numérique, plusieurs leviers doivent être actionnés :

  1. Renforcer les investissements publics et privés pour soutenir l’innovation locale et faire émerger des champions européens.
  2. Favoriser les coopérations transnationales au sein de l’Union pour mutualiser ressources et expertises.
  3. Développer un écosystème de confiance, avec des labels et certifications (SecNumCloud, HDS, TISAX…) garantissant la sécurité et la souveraineté.
  4. Aligner innovation et régulation, en s’assurant que les règles européennes stimulent plutôt qu’elles ne freinent la compétitivité.

Vers un équilibre à réinventer

Face aux États-Unis de Donald Trump et à la Chine de Xi Jinping, l’Europe n’a probablement pas vocation à copier les modèles existants. Elle peut en revanche proposer une voie singulière, fondée sur :

  • la confiance (cybersécurité, protection des données, IA responsable),
  • la durabilité (technologies sobres, respect de l’environnement, numérique responsable),
  • et la coopération (alliances entre États, industries et acteurs de la recherche).

La bataille de l’innovation est aussi une bataille de valeurs. Si elle parvient à conjuguer éthique et performance, l’Europe peut non seulement rééquilibrer le rapport de forces, mais aussi inspirer un modèle technologique mondial plus juste et durable.

« L’Europe doit choisir entre subir la domination technologique ou affirmer un modèle d’innovation souverain, basé sur la confiance, la durabilité et la sécurité. »
Olivier Cazzulo, CEO Netsystem et Vice-Président de Numeum

A propos du SIDO :

SIDO Lyon, l’événement phare de la convergence des technologies IoT, IA, XR et Robotique, vous donne RDV les 17 et 18 Septembre 2025 à la Cité Internationale. Cette nouvelle édition s’annonce riche en découvertes et en échanges, témoignant de la vitalité d’un écosystème en constante évolution.